Pacific Beachcomber SA a été lauréat du grand prix Tech4Islands Océanie en 2021 pour ses Swac installés à l’InterContinental de Bora Bora et à l’hôtel le Brando à Tetiaroa. Cette technologie, qui trouve toute sa place en Polynésie, mesure la sincérité de la démarche environnementale.
Le Swac (Sea Water Air Conditionning) est un système qui répond aux besoins de climatisation de bâtiment. Il fait appel à l’énergie thermique des eaux profondes. Il s’appuie donc sur une source d’énergie propre et renouvelable. À première vue, cela paraît simple, presque évident. Il s’agit d’aller chercher de l’eau de mer à 900 mètres de profondeur, grâce à une pompe de circulation. Cette eau de mer, froide, passe en surface dans un échangeur pour refroidir une boucle d’eau douce. Cette dernière est ensuite chargée de refroidir les bâtiments, tandis que l’eau puisée en profondeur est rejetée le long du récif par 40 mètres de fond. Cela permet de réduire l’usage d’énergie fossile et donc l’empreinte carbone d’un établissement, mais aussi de faire de notables économies (90% de la dépense énergétique liée au refroidissement des espaces). À y regarder de plus près, le concept a une histoire de plus de vingt ans, il implique des moyens importants et coûteux pour sa mise en place. Sa mise en place relève d’une certaine audace.
Ce système, innovant, est bien connu sur le territoire. Le premier Swac a été installé à Bora Bora en 2006 à l’InterContinental, le deuxième à l’hôtel le Brando huit an plus tard. L’hôpital du Taaone vient de s’équiper. Bruno Chevallereau, responsable de projets chez Tahiti Beachcomber SA raconte : « au début des années 2000 nous avions 2 projets : Bora Bora et Tetiaroa. Une évidence s’imposait déjà à l’époque, il nous faudrait minimiser la dépense énergétique dans les temps à venir. En effet, la climatisation des bungalows était récente, elle est apparue à la fin des années 1990, elle doublait la dépense ». La rencontre de deux hommes, Marlon Brando et Richard Bailey, a permis de trouver la solution. « Ces deux hommes partageaient les mêmes sensibilités et objectifs, ils voulaient protéger l’environnement. » Ils ont opté pour le Swac.
« Marlon suggéra à Dick de rencontrer le Dr. John Craven, un scientifique américain qui travaillait sur l’eau des profondeurs avec une approche énergie thermique des mers. Ce scientifique certifiait que l’on pouvait climatiser un/des bâtiments avec cette eau de mer remontée à basse température. Cela allait devenir une première mondiale. » Le Swac, une fois installé, a permis de réduire la facture énergétique par deux. Si aujourd’hui le système n’est pas généralisé c’est que des freins existent.
Pour que le coût de l’installation reste envisageable, différents critères sont à noter : il faut que le ou les bâtiments à refroidir se trouvent à proximité de l’océan, qu’une pente abrupte sous-marine permette de rallier rapidement les 900 mètres de profondeur afin de minimiser la longueur de la canalisation. De plus, le ou les bâtiments doivent avoir un besoin de froid de confort toute l’année, en permanence. Enfin, il faut savoir que les performances observées et bien réelles n’ont pas encore été scientifiquement étudiées. Elles le sont actuellement. Tout cela réduit donc drastiquement la liste des acquéreurs potentiels. En Polynésie, le territoire est tout indiqué. D’autant que le prix du kilowatt est élevé. Le retour sur investissement est moins long qu’ailleurs à l’international. « L’investissement permet de mesurer la sincérité de la démarche environnementale, car il faut accepter de sortir d’un schéma d’amortissement classique », reconnaît Bruno Chevallereau. Il faut aussi, sans doute, être prêt et capable d’accepter une part de risque peu commune.
Crédit : Delphine Barrais. Swac à Tetiaroa.