Romain Pigenel, spécialiste de la digitalisation de l’État et de l’information, a présenté une conférence portant sur la relation des GAFA avec les Etats, et comment ces derniers peuvent retrouver leur souveraineté numérique.
Romain Pigenel est co-fondateur et associé de Futurs.io. Normalien, philosophe et historien des sciences et technologies de formation, il a travaillé pendant 10 ans dans la communication et le digital publics en France, notamment en tant que conseiller du président de la République et directeur adjoint en charge du numérique du Service d’Information du Gouvernement. Spécialiste de la digitalisation de l’État et de l’information, il mène une réflexion sur les effets de la révolution numérique sur la société et la régulation, réciproquement, des nouvelles technologies par le corps social. Au #DFT2018, il a présenté une conférence portant sur les GAFA : « Est-ce que les états ont la capacité à assumer leur souveraineté numérique. GAFA : géants du numérique : retrouver notre liberté. »
« Gare aux GAFA »
Une prise de conscience et un changement de perspectives sont nés ces dernières années concernant les GAFA, sur le ton : « gare aux GAFA ». Une succession de scandales avec Trump, les vols de données, les accusations d’évasion fiscale, le règlement général sur la protection des données (RGPD), les craintes sur l’intelligence artificielle… a déclenché cette prise de conscience. Deux thèmes sont revenus dans les débats : les services rendus contre l’accumulation de données et la liberté ou l’asservissement apporté par les GAFA. L’équation peut se résumer à cette question : les GAFA, sont-ils des outils ou des maîtres ?
Des services qui entrainent des effets négatifs
Romain Pigenel observe un déplacement d’un service vers un effet négatif : être informé en temps réel amène une explosion du systèmes des notifications et un nouveau paradigme informationnel ; le besoin de partager ses photos avec ses amis a amené des filtres de déguisement et un flicage par reconnaissance faciale ; Trouver l’information facilement a créé une dictature des moteurs de recherche contre les médias ; Communiquer sans entrave a aussi permis aux fake news et aux théories conspirationnistes de prospérer. Les GAFA ont aussi amené un risque énorme : une accumulation de données aux conséquences qu’ils ne pourront pas assumer (exemple de Facebook et des fake news).
Les Etats doivent définir le digital qu’ils veulent
Les GAFA favorisent-ils vraiment la démocratie ? Les Etats envoient des signes contraires : ils veulent taxer les GAFA et dans le même temps annonce que Facebook et Pole emploi vont former 50 000 chômeurs au numérique. Pour Romain Pigenel, si les Etats veulent regagner de l’indépendance, ils doivent refaire de la politique, soutenir l’investigation, avoir les idées et des principes clairs, susciter des contre-modèles, se battre avec ses armes (réglementation, lois), et peut-être penser l’impensable (procédure antitrust). Ils doivent définir le digital dont ils ont envie. Il faut également imposer dans les esprits la question du deal économique : les services sont échangés contre nos données.