La société Pacific Biotech est la seule société polynésienne de biotechnologie à l’échelle industrielle. Depuis 2006, elle prélève, identifie et met en culture des bactéries polynésiennes capables de produire des molécules d’intérêt pour l’industrie cosmétique, et bientôt pharmaceutique.
La Polynésie regorge de trésors. Certains sont bien visibles, d’autres passent inaperçus. C’est le cas des bactéries et des molécules qu’elles sont capables de produire. Certaines de ces molécules sont d’un grand intérêt pour la fabrication de produits cosmétiques, alimentaires, pharmaceutiques.
La Polynésie regorge de trésors. Certains sont bien visibles, d’autres passent inaperçus. C’est le cas des bactéries et des molécules qu’elles sont capables de produire.
Depuis la fin des années 1990, Bernard Costa se penche sur les milieux extrêmes du territoire. Dans les recoins des images de cartes postales, se trouvent en effet des habitats considérés comme très difficiles à vivre, voire à survivre, en raison par exemple de la forte salinité, de l’importante température ou encore de la grande pression qui y règne. C’est le cas des marres d’eau saumâtre aux Tuamotu ou des grandes profondeurs de l’océan qui entourent nos îles. Ces milieux restent favorables à la vie, à une certaine vie. Des bactéries y pullulent. « Pour pouvoir se développer en pareilles conditions, les bactéries produisent des molécules très particulières », rapporte Bernard Costa. « Elles ont un système biologique particulier. » De ce fait, elles présentent un intérêt pour différents domaines industriels : la cosmétique, l’agro-alimentaire, la pharmaceutique.
Bernard Costa a fondé Pacific Biotech pour valoriser ces trésors. La société a collecté de très nombreux échantillons dans les cinq archipels : de l’eau, du corail, des poissons, des sédiments, des algues… En somme tout ce qui peut servir de lieu de vie aux bactéries. Cette étape, qui se poursuit, a été d’ampleur. « Elle a permis de mettre au jour des souches originales qui n’avaient pas encore été décrites dans la littérature scientifique », commente Bernard Costa. « Nous les avons nommées, et répertoriées. » Pacific Biotech dispose aujourd’hui une banque de 2 000 échantillons soigneusement conservés à – 80° Celsius.
Avant de pouvoir produire des molécules à l’échelle industrielle, il a fallu caractériser et analyser les bactéries au niveau chimique pour identifier leurs propriétés mais aussi faire la lumière sur les conditions de production optimum des souches. « Nous n’avons pas encore screené toute la collection, mais nous avons passé au crible un quart de cette collection », indique Bernard Costa. Une trentaine de souches semblent potentiellement exploitable.
Depuis une dizaine d’années Pacific Biotech produit des molécules (au nombre de huit au total) pour des clients spécifiques du secteur de la cosmétique. « C’est le plus simple d’approche dans un premier temps », précise Bernard Costa. La société est équipée de fermenteurs de 500 litres pour la production. Elle va augmenter ses capacités.
Un marché de niche à haute valeur ajoutée. Pacific Biotech exporte 100% de sa production.
La crise liée au Covid a mis un coup de frein à la production de Pacific Biotech pendant plusieurs mois. Le secteur de la cosmétique s’étant effondré. « Nous avons accentué notre travail de recherche et développement à cette occasion. Nous sommes en contact avec une ou deux grosses entreprises pharmaceutiques dont les produits arrivent en phase de mise sur le marché. » Depuis le début de l’année, la demande a repris de plus belle, le rebond est conséquent. Pacific Biotech a investi pour passer à des fermenteurs de 1 000 à 2 500 litres. D’une part pour augmenter les volumes de production existants et d’autre part pour diversifier la production. La société reste, dans tous les cas, sur un marché de niche à haute valeur ajoutée. Elle exporte 100% de sa production.
Crédit photos : Pacific Biotech.