Pour Siret Schutting, bâtir une société numérique ne nécessite pas une technologie pointue mais des femmes et des hommes ouverts et curieux, prêts aux changements. Interview.
Siret Schutting est une experte de la stratégie numérique, de la cyber-sécurité et de l’e-Gouvernement. Elle est directrice marketing de Cybernetica, entreprise estonienne spécialisée dans la recherche, le développement et la production de systèmes d’information sécurisés, de sécurité maritime et de nombreux systèmes de radiocommunication.
Pourquoi était-ce important de venir en Polynésie française, partager l’expérience de l’Estonie ?
Je crois que Tahiti est un petit pays comme l’Estonie mais on n’a pas besoin d’être grand pour rêver grand ! Les Tahitiens sont très curieux et ont le désir de changer les choses, d’avancer. Ce pays et ce festival m’inspirent. Beaucoup de rencontres et de découvertes vont m’aider à faire évoluer le système en Estonie.
L’important n’est pas la technologie mais les hommes, leur état d’esprit ?
Mon expérience m’a appris qu’il ne s’agit jamais de la technologie mais de la mentalité, de l’état d’esprit. Bien sûr la technologie est importante mais l’état d’esprit l’est encore plus. e-Estonia (un dispositif qui vise à faciliter les interactions des citoyens avec l’État grâce à l’utilisation de solutions électroniques) a été créée il y a 20 ans. A l’époque, il n’y avait pas d’Internet, de Google, de Wifi… Et pourtant e-Estonia est né !
En quoi le numérique est une solution d’accélération pour le développement d’un pays ?
Le numérique facilite les processus politiques mais aussi facilite la vie des entrepreneurs, des citoyens, des startupers. On ne perd plus de temps à faire toutes les démarches auprès de l’administration. C’est une accélération exponentielle.
Pensez-vous que ce qui a été mis en place en Estonie est transposable à Tahiti ?
Je pense que oui car l’état d’esprit des Tahitiens est assez similaire à celui des Estoniens : ils sont très curieux.
Les changements ont tout de suite été acceptés ?
Il fallait écouter leurs peurs. Ils ont dû faire confiance en leur gouvernement. La peur c’est normal. Peu de personnes aiment les changements. Si on écoute leurs peurs, on peut y répondre. Quand on développe un logiciel, on dit souvent : « Ne fais pas ce que le client demande mais fait ce dont il a besoin ». C’est très vrai. Quand nous discutons avec les citoyens, les entreprises et le gouvernement, nous arrivons à bâtir une société numérique.
Que pensez-vous de la Polynesian Tech ?
Je suis impatiente ! Ce que j’aime particulièrement dans ce dispositif, ce sont les étapes très clairement écrites. Il y a une vision très claire. C’est très impressionnant. Parfois les gens discutent mais n’ont pas de plan défini. Ici, c’est très clair. Les gens sont très motivés et enthousiastes. Je suis très impressionnée !