Le Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (CRIOBE)

Le Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (CRIOBE), situé en Polynésie française à Moorea, est établi depuis 1971. Ce centre est sous tutelle de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE), du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et de l’Université de Perpignan (UPVD).

Ce centre est une structure reconnue au niveau national et international pour les recherches menées essentiellement sur les récifs coralliens. Néanmoins, le périmètre d’expertise s’étend au-delà des récifs coralliens et intègre plus globalement les milieux insulaires de l’Indopacifique avec des compétences aussi bien en chimie, biologie, écologie en intégrant les sciences humaines et sociales pour mieux replacer l’Homme dans les systèmes naturels (anthropo-écosystèmes).

Dans un monde où l’activité humaine affecte à tel point notre planète que l’on considère que nous sommes entrés dans une nouvelle ère (anthropocène), il est en effet essentiel de replacer l’Homme dans les écosystèmes et ainsi appréhender les questions d’environnement.

L’originalité et les forces du CRIOBE sont d’avoir su intégrer et héberger sur un même centre des structures institutionnelles variées qui vont occuper différents périmètres dans le domaine de la recherche. Ainsi le CRIOBE héberge :

  • Une unité de recherche (USR 3278) sous tutelles de l’EPHE, du CNRS et de l’UPVD. Cette unité également partiellement localisée en métropole (sur le campus de l’université de Perpignan) affecte sur le site de Moorea chercheurs, techniciens et étudiants qui mettent en place une dynamique de recherche directement sur site, en Polynésie, dans le Pacifique, au contact des récifs coralliens et des sociétés ;
  • Un service d’observation (SO CORAIL) sous tutelle du CNRS. Ce service également labellisé au niveau international dans le « Global Coral Reef Monitoring Network » (GCRMN – http://www.icriforum.org/gcrmn) sous tutelle de l’UNEP (Programme national des Nations Unies) vise à suivre sur le long terme l’évolution des récifs coralliens dans le Pacifique. Outre plusieurs sites en Polynésie, le SO CORAIL intervient dans la Pacifique au travers de conventions bilatérales avec les pays voisins (Cook, Kiribati, Tonga, Samoa, Pitcairn) représentant une ZEE cumulées de plus de 12 millions de km2 ;
  • Une Station d’Ecologie Expérimentale (SEE-CORAIL) sous tutelle du CNRS. Ce service est une labellisation nationale (4 autres centres en France) qui propose des outils permettant de manipuler les organismes, les peuplements ou les communautés pour tester l’impact du changement climatique (température, acidification) et les impacts chimiques ;
  • Un Institut du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de Recherche (Institut des Récifs Coralliens du Pacifique – IRCP). Cet institut est essentiel dans le dispositif du CRIOBE car il permet de faire le lien entre la recherche et la société civile afin de mieux intégrer, d’une part, les connaissances empiriques traditionnelles et, d’autre part, les interrogations de la société civile sur les questions d’environnement et de ressources. Cet Institut, au travers de séminaires, d’ateliers et de formations, en partenariat avec le Fonds Pacifique et le « Secrétariat of the Pacific Community » donne une dimension Pacifique et apporte une lisibilité à l’expertise française sur la gestion des systèmes côtiers ;
  • Un Laboratoire d’Excellence (LabEx CORAIL) issu du programme d’investissement d’avenir national qui a souhaité labéliser et soutenir des programmes fédérateurs de recherche. Le LabEx CORAIL, coordonné par le CRIOBE, regroupe autour d’une convention globale les 4 universités de l’outre-mer français (Antilles, Polynésie, Nelle Calédonie, Réunion) et les 5 organismes de recherche nationaux (CNRS, EHESS, EPHE, Ifremer, IRD) travaillant sur les récifs coralliens. Cette initiative ayant reçu une très bonne évaluation à mi-parcours représente une des rares démarches communes à l’ensemble de l’outre-mer français ;
  • Une coopération locale unique avec l’université de Berkeley (University of California) présente en Polynésie, à Moorea au travers d’une station marine qui a permis des actions communes reconnues à l’international. On citera ici le programme BIOCODE et le futur programme AVATAR dont l’objectif est de modéliser entièrement tous les flux à l’échelle de l’anthropo-système de Moorea.

 

Le CRIOBE s’inscrit donc dans la dynamique : « Rechercher – Observer – Manipuler – Fédérer – Echanger – Communiquer »

Avec un principe de labelliser les actions au niveau national et international pour toujours intégrer l’exigence de l’excellence et devenir une plateforme nationale et internationale sur ces domaines d’expertises ; les écosystèmes insulaires notamment à l’interface côtière avec un focus sur les récifs coralliens. Cette reconnaissance institutionnelle au travers des différentes coordinations fait du CRIOBE une plateforme française et internationale pour les recherches, les connaissances, la gestion et la communication sur les récifs coralliens.

En 2017, Le CRIOBE s’est agrandi en se dotant d’un nouveau centre de conférence avec un amphithéâtre qui permet de développer un programme annuel de conférences grand public, mais aussi d’accueillir des conférences scientifiques régionales. Sur l’année 2018, c’est déjà près de 35 conférences de différentes natures qui ce sont tenues dans cet amphithéâtre.

 

La recherche au CRIOBE

A l’image des forêt tropicales, les récifs coralliens sont des concentrés de biodiversité arborant une nature luxuriante bien souvent prise en exemple lorsqu’il s’agit de parler de la conservation de la planète.

D’après les estimations actuelles, les récifs coralliens abritent 25% de la faune et de la flore marine alors qu’ils ne couvrent que 0,02% des surfaces marines.

Outre l’aspect biodiversité, les récifs coralliens constituent de véritables barrières côtières assurant la protection des habitants des côtes tropicales lors de tempêtes et de cyclones, ou encore des sources de revenus indispensables pour de nombreux pays en développement.

Le parallèle avec les forêts tropicales ne s’arrête pas à l’aspect biodiversité mais, à l’image des forêts, les récifs coralliens font face à des régressions dramatiques, à tel point que l’on évalue à près de 25% les récifs coralliens qui ont déjà disparu au cours des 20 dernières années et à près de 50% ceux qui sont en situation critique à ce jour.

C’est dans ce contexte que la recherche doit se développer pour mieux intégrer la complexité des écosystèmes coralliens, pour mieux appréhender les processus de persistance des populations et peuplements, et pour mieux comprendre les mécanismes de résistance au stress. Ces recherches doivent se faire dans le contexte d’un écosystème en contact étroit avec les populations humaines littorales.

 

Moorea est à présent le récif corallien le mieux suivi sur la planète

Dès les années 70, le CRIOBE a été en quelque sorte visionnaire en mettant en place des suivis sur le long terme de l’écosystème corallien. La force du CRIOBE a été dans la continuité de ces suivis sur le long terme qui en font un outil reconnu internationalement dans la mesure où Moorea est à présent le récif corallien le mieux suivi sur la planète, avec plus de 40 ans de données.

C’est ce suivi qui permet à présent de mieux comprendre l’impact lors d’événements catastrophiques (cyclones, pullulations, invasions…), mais aussi l’analyse écosystémique intégrant la relation Homme-environnement.

Bien sûr des recherches variées, qui ont donné lieu à des publications scientifiques de référence ont pu être développées au cours des 45 ans d’existence du CRIOBE. Ainsi, dans une édition spéciale sur les récifs coralliens de l’ISI Web of Science, le CRIOBE a été classé comme dixième mondialement (sous le nom de l’Université de Perpignan en raison de notre adresse sur les publications) par le nombre de citations, et cinquième concernant le nombre de publications. L’analyse porte sur les 10 dernières années et concerne toutes les institutions de recherche à travers le monde.

Avec un tel classement, le CRIOBE occupe le rang le plus élevé en Europe et il est le principal collaborateur des principaux groupes de recherche travaillant sur les récifs coralliens dans le monde entier.

 

Regarder vers le Futur

Le CRIOBE va s’agrandir dans les années à venir en se dotant d’une plateforme in natura unique qui va permettre de développer des recherches directement au niveau du récif et surtout d’apporter à la recherche française un nouvel outil expérimental unique dans sa conception.

C’est aussi la construction en cours du Fare Natura, un centre d’exposition dédié aux écosystèmes insulaires du Pacifique et qui donnera l’opportunité aux chercheurs de communiquer la connaissance au grand public.

Enfin, 2020 devrait voir aussi le début d’une restructuration du centre d’hébergement du CRIOBE pour un accueil plus adapté à l’évolution internationale de l’attractivité du CRIOBE.

 

Les chiffres clés

Effectifs : Le CRIOBE regroupe à Moorea :

  • 10 chercheurs permanents (fonctionnaires)
  • 7 techniciens permanents (fonctionnaires)
  • et 12 contractuels (4 post-doc, 2 techniciens, 6 doctorants).

 

Il accueille en moyenne 5 chercheurs principalement basés à Perpignan. En 2018, le CRIOBE a accueilli en mission plus de 170 missionnaires pour plus de 6000 nuitées (soit 17 missionnaires en moyenne).